Recherches généalogiques en Turquie : deux sources majeures
- Laurent Le Guyader

- 27 sept.
- 3 min de lecture
L’étude généalogique en Turquie repose sur deux ensembles documentaires majeurs :
les registres civils ottomans et turcs (nüfus defterleri) ;
les registres d’églises.
Ces corpus, bien que fragmentaires et inégalement accessibles, constituent les principales sources pour l’histoire familiale dans l’espace ottoman.

1. Les registres civils ottomans et turcs (nüfus defterleri)
Le premier recensement général fut organisé en 1831. Il ne concernait alors que les hommes :
les musulmans, dans une perspective militaire (service) ;
les non-musulmans, enregistrés dans des registres séparés (reaya), pour des raisons fiscales (impôt de capitation ou cizye).
À partir de 1904, les registres commencèrent à inclure systématiquement femmes et enfants, marquant ainsi l’introduction d’un recensement de type moderne.
Les registres conservés aux Archives d’État ottomanes (Devlet Arşivleri Genel Müdürlüğü – Osmanlı Arşivi) concernent principalement les dénombrements du XIXᵉ siècle (1831 et les recensements suivants jusqu’aux années 1840–1850).
En revanche, les grands recensements modernes de 1881–82/1893, 1904 et 1914 ne relèvent pas des Archives ottomanes : ils sont déposés au ministère de l’Intérieur (İçişleri Bakanlığı Nüfus ve Vatandaşlık İşleri Genel Müdürlüğü), dans le cadre de l’état civil contemporain (MERNİS).
Grâce au projet MERNİS, les ressortissants turcs ont pu consulter en ligne leur arbre généalogique remontant jusqu’au XIXᵉ siècle, une opportunité exceptionnelle mais non accessible aux étrangers.
Enfin, il convient de rappeler que l’accès en ligne aux Archives ottomanes est réservé aux citoyens turcs. Les chercheurs étrangers n’ont accès qu’aux inventaires numériques ; les documents eux-mêmes doivent être consultés sur place, à Istanbul.
2. Les registres d’églises
Un second ensemble documentaire est constitué par les registres paroissiaux (baptêmes, mariages, funérailles), tenus par les communautés chrétiennes.
À Istanbul, les registres sont globalement préservés, en particulier pour les trois confessions arméniennes :
l’Église apostolique arménienne,
l’Église catholique arménienne,
les communautés protestantes évangéliques arméniennes.
En Anatolie, la conservation est beaucoup plus lacunaire. Parmi les ensembles attestés, citons :
registres des églises catholiques d’Ankara, Kütahya, Bursa et Mardin,
registres de l’Église apostolique arménienne de Kayseri et d’Alexandrette,
registres des églises de Kars (conservés durant l’administration russe),
À l’exception de ces cas, il ne subsiste que très peu de registres paroissiaux pour le reste de l’Anatolie.
Conclusion
Il serait inexact d’affirmer que l’ensemble des registres ottomans et paroissiaux a disparu. La réalité est plus nuancée :
les registres civils ottomans du XIXᵉ siècle sont en grande partie conservés aux Archives d’État ;
les recensements modernes de la fin de l’Empire sont sous la responsabilité du ministère de l’Intérieur ;
les registres d’églises sont relativement complets à Istanbul, mais très lacunaires en Anatolie.
Ainsi, les recherches généalogiques dans l’Empire ottoman et en Turquie supposent une approche méthodique, croisant archives d’État, archives ecclésiastiques et autres sources avec des conditions d’accès très variables.
Où consulter ces sources ?
Registres civils ottomans et turcs (nüfus defterleri)Archives d’État ottomanes (Osmanlı Arşivi) : https://www.devletarsivleri.gov.tr
Inventaire accessible en ligne
Consultation des documents sur place à Istanbul (accès restreint pour les étrangers) ou en ligne pour les ressortissants turcs.
Registres d’églises arméniennes consultables via FamilySearch : https://www.familysearch.org
Récemment 37 registres ont été ouvert en ligne (registres catholiques, arméniens apostoliques, etc.)
Accès gratuit avec inscription ; certains registres nécessitent une consultation à la Family Histpory Library de Salt Lake City, UT


